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Arnaldo Calveyra, le poète du 5ème arrondissement

Poète, romancier et dramaturge argentin, Commandeur des Arts et Lettres, Arnaldo Calveyra demeure l’un des plus grands maîtres de littérature étrangère ayant habité à Paris. C’est en 1950 qu’il commence ses études universitaires en lettres. Il émigre à Paris dans les années 1960, attiré par la vie culturelle dynamique de la ville.

C’est avec la maison d’édition Actes Sud, dirigée par Françoise Nyssen, actuellement ministre de la Culture, qu’il publia ses propres œuvres. Son premier recueil de poésies « Cartas para que la alegria » a reçu les éloges de l’écrivain Carlos Mastronardi.

Avec Julio Cortazar dont il fut l’ami et Jorge Luis Borges, il est l’un des écrivains argentins les plus connus dans le monde. Il a combattu la dictature militaire en Argentine

Vingt écrivains parlent de leur arrondissement

« Vingt écrivains parlent de leur arrondissement », (Éd. L’Inventaire et la Maison des écrivains, est un ouvrage paru en 2002. Il était demandé à l’écrivain le plus emblématique de chaque arrondissement un texte sur son quartier.

Arnaldo Calveyra, pour le 5ème arrondissement, le lieu où il habite : près de l’église Saint-Médard, presque à l’angle de la rue Claude Bernard et de la rue Pascal. Son appartement fut habité par un peintre. Il s’agit d’un loft très lumineux, où il résida jusqu’à sa mort. Chaque jour, il parcourait les rues Mouffetard, Monge, et aussi Buffon, cette rue qui longe le Jardin des Plantes. Il se promenait aussi au Luxembourg, ce qui donna le recueil de poèmes :

Voici in extenso un extrait de son texte, dans lequel il entrevoit la superposition de plusieurs villes et la multiplicité de Paris :

« Parmi les villes de Paris, celle où il m’a été donné de vivre se trouve entre la Seine et le Carrefour des Gobelins, le Jardin des Plantes avec ses vieilles dames assises sur un radeau de crépuscule n’est pas très loin, non loin également la place de la Contrescarpe et ses poètes de la Pléiade, la longue rue Mouffetard, vestige d’anciennes processions, chemin de Saint Jacques.

Tout près, d’autres villes s’élèvent sur les ruines de villes éteintes, villes de Paris, chacune avec ses traits propres, villes de naguère et villes de maintenant, intimement mêlées, même urgence, même réalité et irréalité (il y a des endroits où personne ne passe jamais). Comme partout où les hommes se sont établis en nombre, les rues avancent et reculent, à ceci près qu’ici elles avancent et reculent en dépit du bon sens, apparemment sans itinéraire précis : elles perpétuent la mémoire, le souvenir, les allées et venues des premiers habitants qui auraient conjugué le secret de la vie et celui de la rose des vents.

Dès que je m’installe quelque part, c’est toujours la tombée du jour sitôt nuit naissante qui m’intrigue, l’irruption de l’obscurité dans un gîte nouveau, le péril qui revient après une longue journée, quand il faut chercher où l’on va dormir. Autrement dit baisser la garde, perdre connaissance dans un endroit inconnu. »

Traduction de Anne Picart, avec l’aimable autorisation d’Eva Calveyra.

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