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Les maçons, les ouvriers et leur condition de vie

Chantier de la Tour Eiffel
Fondations de la tour Eiffel
Photographie d’époque du chantier de la Tour Eiffel

Aux XVIIème et XVIIème siècles, « le niveau de vie de l’ouvrier ne diffère pas profondément du « standard of life » du maître », précise Henri Sée.  Seulement, il lui est encore inférieur. Il habite, en général, une mansarde peu confortable et son mobilier rudimentaire a une valeur qui ne dépasse guère une centaine de livres. Par son habillement il se distingue aussi, beaucoup plus qu’aujourd’hui, des autres classes de la société. Quand le compagnon est logé et nourri par le maître, son genre de vie est très variable suivant les métiers et les maîtres.

A quel point est dure la condition du compagnon, c’est ce que montrent surtout la durée de la journée de travail et les salaires. En règle générale, la journée commence de bonne heure et finit tard. A Versailles, dans nombre d’ateliers, on besogne de 4 heures du matin à 8 heures du soir ; à Paris, dans la plupart des métiers, on travaille seize heures. Il est vrai que le travail était moins intense que de nos jours et que les journées de chômage, imposées par les fêtes, étaient nombreuses ; mais les journées de travail n’en étaient pas moins pénibles.

Les ouvriers ont pu améliorer progressivement leur condition par le développement du compagnonnage.

Il est vrai que les compagnons, exclus des confréries des maîtres, forment des confréries particulières, qu’on ne peut arriver à dissoudre. Ils forment aussi des associations générales, des compagnonnages, presque exclusivement restreints aux métiers du tour de France. Les compagnons du devoir ou dévorants et les compagnons du devoir de liberté ou gavots ne ressemblent, d’ailleurs, que fort peu aux modernes syndicats ; ce sont des associations secrètes, où un rituel, affectant des formes mystérieuses, joue un grand rôle.

Cependant, les compagnonnages constituent des organes de défense et de résistance vis-à-vis des maîtres ; ils établissent des secours mutuels, jouent un grand rôle dans l’embauchage des ouvriers, au grand déplaisir des maîtres, que souvent ils parviennent à mettre à l’index en prévenant leurs camarades par des sortes de circulaires. Ils ont donc rendu de sérieux services aux ouvriers des métiers du tour de France. Mais la rivalité des deux compagnonnages, qui se manifeste souvent par des rixes sanglantes, les a empêchés de jouer un rôle pleinement efficace. Cette concurrence déplorable prouve précisément à quel point les ouvriers ont encore peu la conscience de leurs intérêts collectifs.

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